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Minorités francophones :
assimilation et vitalité des communautés


La jeunesse, l'enseignement et
les indicateurs économiques

 

L'instruction en français au Canada - caractéristiques et objectifs

En 1998-1999, 155 872 élèves étaient inscrits dans des programmes d'éducation à l'intention des minorités francophones du Canada hors Québec. Afin d'illustrer le taux de participation à la hausse des enfants admissibles à l'instruction en langue française, le tableau 19 montre la proportion des inscriptions totales dans le système scolaire minoritaire par rapport à la proportion de francophones minoritaires au sein de la population. L'indice indique une augmentation du taux de participation, même si la proportion d'élèves en situation minoritaire demeure inférieure au poids que représente la communauté linguistique au sein de la population. Étant donné que le nombre d'élèves est à la baisse dans toutes les écoles en raison de la diminution du taux de fécondité, on vise, par cet indice, à donner un aperçu plus juste de la participation au lieu de présenter simplement des chiffres sur le nombre d'inscriptions.

L'objectif premier de tout système scolaire est de fournir les expériences d'apprentissage de base nécessaires au développement social, affectif et intellectuel de l'élève. Les écoles pour les groupes linguistiques minoritaires ont un objectif supplémentaire : le maintien et, dans certains cas, le perfectionnement des compétences en français ainsi que le développement du patrimoine et de la culture de ces groupes. Idéalement, l'apprentissage est renforcé parce qu'il est fondé sur les références culturelles à la famille et à la communauté qui sont significatives pour l'élève en situation linguistique minoritaire.

Les objectifs des établissements d'enseignement de langue française comprennent, entre autres, les suivants :

  • soutenir et mettre en valeur l'identité francophone des élèves ainsi que leur sentiment d'appartenance à la communauté francophone;
  • jouer le rôle de centre culturel à l'intention de la communauté francophone;
  • permettre aux élèves de connaître l'histoire et l'héritage de la communaté francophone au Canada.

Afin d'atteindre ces objectifs, il est essentiel d'encourager la plus grande intégration possible de l'école à la vie de la communauté, tout en facilitant la participation des parents à la vie de l'école. Le modèle des centres communautaires est un bon moyen d'y arriver. L'importance de l'école pour la survie des communautés minoritaires ne peut donc être surestimée. Comme le déclarait l'ancien Commissaire aux langues officielles, Victor Goldbloom :

Le fait que les écoles des minorités linguistiques exercent une influence sur la vitalité de leur communauté n'est guère contestable. Ces établissements jouent un rôle essentiel, offrant un espace physique et social au sein duquel les gens peuvent se rencontrer et renforcer leur patrimoine culturel et linguistique. Sans ces écoles, il serait beaucoup plus difficile d'assurer les conditions nécessaires à la préservation de la dualité linguistique canadienne1.

Bien que l'enseignement en français langue maternelle soit très différent de l'enseignement du français en immersion, il n'en demeure pas moins que ceux-ci ont quelques points en commun. En effet, puisque le droit à l'instruction dans la langue de la minorité est en fait conféré aux parents, il arrive souvent que les enfants, surtout ceux de parents mixtes, n'aient qu'une piètre connaissance du français. Pour ceux-ci, l'enseignement en français est en quelque sorte une forme amplifiée d'immersion puisque la plupart des enfants avec qui ils seront en contact à l'école auront une bonne connaissance de la langue. Dans ce sens, les écoles ne se limitent pas à être des lieux où les enfants apprennent ensemble, mais bien où ils apprennent les uns des autres.

Le programme d'immersion en français a été conçu pour l'enfant qui appartient à la majorité. Essentiellement, ce dernier habite dans un milieu où il est constamment en contact avec sa langue maternelle, alors que l'enfant qui appartient à la minorité habite un milieu où sa langue maternelle n'est pas la langue parlée à l'extérieur de la maison ou de l'école. L'instruction en français langue minoritaire est destinée aux enfants pour qui le français est la langue maternelle, mais qui habitent dans un environnement essentiellement anglophone.

Il est évident que l'école doit réussir à influer sur son environnement. Les enfants ne passant que peu de temps à l'école, l'environnement familial est primordial pour l'apprentissage d'une langue. Des liens étroits entre la communauté et l'école sont essentiels pour que la communauté profite entièrement de la synergie entre le milieu familial et le milieu scolaire. On crée ainsi un environnement dynamique équilibré entre les faiblesses et les points forts de la minorité linguistique selon les contextes.

Lorsqu'on parle de la langue, il ne faut pas en oublier les nombreux aspects. La langue en contexte minoritaire n'est pas seulement un moyen de communication ou une forme de capital humain, c'est aussi un symbole auquel on s'identifie et un moyen de véhiculer la culture et les valeurs. Une étude menée récemment pour le compte du Commissariat aux langues officielles intitulée Motivations en ce qui a trait aux choix scolaires chez les parents ayants droit hors Québec s'intéresse aux raisons qui poussent les parents à choisir pour leurs enfants la filière de l'enseignement dans la langue de la minorité. Dans le cadre de cette étude, 81 parents qui ont été réunis en huit groupes ont été interviewés dans quatre villes (Vancouver, Calgary, Halifax et Sudbury).

La Charte précise quels parents (« parents ayants droit ») peuvent envoyer leurs enfants dans une école de langue officielle minoritaire - les parents admissibles n'exercent pas tous ce droit. Un pourcentage des parents ayants droit choisissent d'envoyer leurs enfants dans une école anglaise (y compris les classes d'immersion)2. L'étude explore les raisons qui poussent les parents ayants droit à choisir un système scolaire plutôt que l'autre.

L'étude a identifié les facteurs-clés suivants :

  • Le facteur le plus important est la distance.
  • Le lien entre l'exogamie et le choix de l'école anglaise - un rapport étroit existe entre le sentiment d'appartenir à la communauté francophone et le choix de l'école française.
  • Les parents de statut socio-économique plus favorisé choisissent plus volontiers l'école française - ce choix est associé à une plus grande confiance en soi, à une identité culturelle plus ferme et à la certitude que les enfants apprendront l'anglais.
  • Les parents anglophones craignent de ne pouvoir participer pleinement à l'éducation des enfants et que ceux-ci n'apprennent pas correctement l'anglais.
  • Pour une minorité, des activités parascolaires limitées au niveau secondaire constituent un facteur de taille.
  • Tous les parents s'entendent pour dire que « les enfants doivent apprendre l'anglais parfaitement bien pour avoir les bons emplois, les promotions. » Les parents qui choisissent les écoles françaises accordent plus d'importance à l'apprentissage des deux langues.

Tableau 20.1 Motivations en ce qui a trait aux choix scolaires des parents


PERCEPTIONS DE LA COMMUNAUTÉ FRANCOPHONE


Parents ayant opté pour le système anglophone

Parents ayant opté pour le système francophone


- Absence d'une véritable communauté francophone locale.

- Certains ont l'impression que ceux et celles qui s'identifient à la communauté francophone ont tendance à être des fanatiques et à refuser la langue anglaise.

- Ces parents décrivent une communauté francophone vivante et dynamique qui les incite à transmettre leur langue et culture.

- L'école est le pivot de la communauté. C'est grâce à l'école que les membres de la collectivité se retrouvent.

- Même les parents les plus engagés dans la communauté francophone locale expriment un désarroi profond face à l'anglicisation des enfants et à leur difficulté de transmettre la valorisation de la langue et de la culture françaises.


PERCEPTIONS À L'ÉGARD DE L'ÉCOLE FRANÇAISE


- Ils ne sont pas familiers avec les écoles françaises (au point de mettre en question leur existence).

- Ils se soucient beaucoup de la distance entre la maison et l'école française.

- Le programme répond aux normes du ministère de l'Éducation et la valeur de l'éducation est comparable.

- Dans des écoles plus petites :
la supervision est meilleure;
il y a moins d'activités parascolaires.

- Les écoles sont surpeuplées et éloignées.

- Afflux d'élèves qui ne parlent pas le français à la maison. Certains critiquent cette augmentation - taxent le peu de ressources consacrées à la francisation.

- Univers linguistique mixte ralentit l'apprentissage car les professeurs doivent se consacrer aux enseignements de base.

- Pour certains, les écoles de dénomination catholique restreignent l'accès à l'école française, tandis que d'autres associent ces écoles à une plus grande rigueur/discipline.

- Activités parascolaires et programmes techniques plus limités.

- Ils rejettent l'idée que l'école française isolerait les enfants.


Source : Adapté de Motivations en ce qui a trait aux choix scolaires chez les parents ayants droit hors Québec, un rapport préparé pour le Commissariat aux langues officielles par le Réseau Circum, le 10 janvier 1999.

Tableau 20.2 Motivations en ce qui a trait aux choix scolaires des parents


IDENTITÉ ET VALEURS


Parents ayant opté pour le sytème anglophone

Parents ayant opté pour le système francophone


- Ils tendent à s'identifier comme Canadiens ou comme Canadiens français.

- Ils sont plutôt mal à l'aise avec le concept des valeurs propres à la francophonie.

- L'identification à la façon de faire de la majorité ne semblait pas être un facteur important.

- Les profils sont variés : Albertains, Québécois, Acadiens, Brayons, Franco-Canadiens, Franco-Ontariens et Canadiens français.

- Pour beaucoup d'entre eux, la composante francophone était plus importante que la composante territoriale.

- Perçoivent tous l'école française comme moyen de consolider les valeurs communes aux francophones.

- Personne n'accepte l'idée qu'il est important de se rapprocher des façons de faire de la majorité, sauf qu'il faut connaître leur langue.


L'ANGLAIS ET LA MOBILITÉ


- L'anglais est essentiel pour réussir au travail, tandis que le bilinguisme est simplement utile.

- Les écoles françaises enseignent le français au détriment de l'anglais, tandis que les classes d'immersion offrent un meilleur équilibre.

- Les écoles anglaises facilitent les déplacements, mais cela n'est pas un facteur car peu prévoient déménager à court terme.

- L'anglais n'est pas la seule garantie du succès, il faut être bilingue. L'enseignement des deux langues est plus adéquat dans les écoles françaises.

- Certaines personnes ont critiqué les programmes d'immersion.

- L'anglais est essentiel à la mobilité, mais le bilinguisme est une meilleure garantie.


AUTRES FACTEURS


- Le français est plus difficile à apprendre que l'anglais.

- Certains ont des enfants qui sont incapables d'apprendre le français ou de faire face à deux langues concurremment.

- La difficulté à apprendre le français justifie le choix de l'école française, étant donné que l'anglais « ça ne s'apprend pas, ça s'attrape. »

- À Sudbury, le Collège Boréal est un acquis important pour convaincre les enfants de rester dans le réseau français au secondaire.


Dans l'ensemble, la qualité de l'enseignement ne constituait pas un facteur ayant influé sur le choix. Les facteurs psychologiques ne semblaient pas primordiaux et les facteurs politiques n'avaient presque aucune importance. Le concept du prestige associé à une langue (anglaise) était étranger à la majorité. Là où le nombre ou le pourcentage de francophones permettait d'avoir un milieu social vraiment francophone, le choix se faisait entre l'école française et les classes d'immersion - et non entre les systèmes anglophone et francophone. Un bon nombre de parents qui envoient leurs enfants dans une école française exprimeraient de sérieuses réserves si l'accroissement de l'accès à l'école française passait par l'attraction d'enfants ne maîtrisant pas le français à l'arrivée à l'école (les tableaux 20.1 et 20.2 présentent de façon plus détaillée les résultats de cette étude).

 


1. La gestion scolaire : La mise en oeuvre de l'article 23 de la Charte, Commissariat aux langues officielles, 1998, p. 6.

2. Le recensement de 1996 démontre que des 230 470 enfants ayant droit à l'enseignement dans la langue de la minorité hors Québec, 81 560 proviennent de familles dont les deux parents sont francophones et le reste de familles dont un seul des parents est francophone. En 1998-1999, 155 873 enfants étaient inscrits dans des écoles de langue française.

 


 

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