CANADA, ÉLECTIONS FÉDÉRALES 1997
À LA VEILLE DU JUGEMENT
Benoît Gauthier
Réseau Circum inc.
27 mai 1997
Résultats d'un sondage mené par les Associés de recherche Ekos, en collaboration avec
le Réseau Circum inc. du 22 au 25 mai 1997
INTRODUCTION
Les Associés de recherche Ekos, en collaboration avec le Réseau Circum,
publient aujourd'hui, le 27 mai 1997, les résultats d'un sondage qu'ils ont menés, à
leur propre compte, sur les intentions de vote des Canadiens et sur différents sujets
associés.
Les Associés de recherche Ekos avaient complété une enquête de ce genre lors de
l'élection fédérale de 1993. Une analyse en profondeur a été publiée dans la Revue
québécoise de science politique ("La question du
chômage et le caractère dinstinctif de l'électorat québécois au scrutin fédéral de
1993", François-Pierre Gingras, Benoît Gauthier et Frank Graves, Revue
québécoise de science politique, no. 27, printemps 1996, pp. 51-122).
Quelque 3000 adultes canadiens ont été interviewés au téléphone entre les 22 et 25
mai 1997, à partir de la centrale téléphonique d'Ekos situé à Ottawa. De ces
entrevues, 970 ont été complétées au Québec. Toutes les données ont été
pondérées par région géographique, sexe, âge et état professionnel pour assurer la
meilleure représentativité possible. Les estimés nationaux sont valables à
l'intérieur d'une fourchette de plus ou moins 1,8 %, pour 19 échantillons sur 20.
Au Québec, la marge d'erreur est de plus ou moins 3,1 %.
INTENTIONS DE VOTE
- Le Parti libéral du Canada est clairement en avance au plan canadien.
- Parmi les électeurs ayant pris une décision, 38 % appuient le PLC. Le Parti
progressiste-conservateur suit avec 21 % des voix, attaqué par le Reform Party qui
obtient 18 %.
- À cause de la concentration de son vote, le Reform Party est en meilleure position pour
devancer le PPC au rang d'opposition officielle. En effet, le PPC obtient une part
appréciable du vote, mais son appui est dispersé, réduisant l'efficacité des votes sur
lesquels il peut compter.
- Au Québec, l'hémorragie du vote bloquiste semble stoppée et semble être en
résorbtion. Le Bloc obtiendrait 40 % des électeurs décidés, suivi du PLC à
30 % et du PPC à 26 %.
- Plus important encore, ce coup de sonde établi clairement que les partisans du PPC au
Québec ont une position fragile. À l'heure actuelle, ils proviennent à 39 % des
électeurs libéraux de 1993 et à 29 % des bloquistes de 1993. Dans cette enquête,
la moitié (49 %) des électeurs conservateurs indiquent qu'ils pourraient encore
changer d'opinion au cours de la prochaine semaine alors que cette proportion est de
28 % chez les Libéraux et de 29 % chez les Bloquistes.
- La fragilité de la position des Conservateurs au Québec est mise en évidence par le
graphe qui suit. On y voit que, de sondage en sondage, le PPC a grugé du terrain,
jusqu'au 17 mai où sa position a commencé à se détériorer. Le Bloc québéquois, pour
sa part, a repris la position qui le caractérisait il y a exactement un mois.
Intentions de vote aux élections fédérales
Québec seulement
de mars 1997 au 25 mai 1997
Données de la liste des sondages des Chroniques de
Cybérie
Intentions de vote des Québécois aux élections fédérales
Douze sondages de mars 1997 au 25 mai 1997
|
Bloc québécois |
Parti libéral du Canada |
Parti progressiste-conservateur |
Ekos, mars 1997 |
32 |
32 |
12 |
Léger & Léger, 25 avril |
43 |
37 |
15 |
SOM, 26 avril |
40 |
35 |
19 |
SOM, 8 mai |
39 |
39 |
13 |
Léger & Léger, 10 mai |
37 |
39 |
20 |
CROP, 13 mai |
38 |
37 |
20 |
SOM, 15 mai |
37 |
36 |
19 |
Environics, 17 mai |
27 |
32 |
36 |
Léger & Léger, 17 mai |
35 |
33 |
30 |
SOM, 23 mai |
31 |
34 |
30 |
Léger & Léger, 24 mai |
33 |
34 |
31 |
Ekos/Circum, 27 mai |
40 |
30 |
26 |
Source : Chroniques de
Cybérie |
Intentions de vote aux élections fédérales, par région,
entre les 22 et 25 mai 1997
(indécis inclus)
|
Canada |
Atlantique |
Québec |
Ontario |
Man./Sask. |
Alberta |
Colombie-Brit. |
Parti libéral du Canada |
27 % |
29 % |
22 % |
37 % |
14 % |
17 % |
22 % |
NPD |
8 % |
15 % |
1 % |
9 % |
23 % |
4 % |
11 % |
Parti conservateur |
15 % |
21 % |
19 % |
16 % |
12 % |
12 % |
6 % |
Reform Party |
13 % |
5 % |
0 % |
10 % |
19 % |
34 % |
33 % |
Bloc québécois |
7 % |
0 % |
29 % |
0 % |
0 % |
0 % |
0 % |
Autres |
2 % |
1 % |
3 % |
1 % |
2 % |
1 % |
3 % |
Indécis/Discrets |
28 % |
30 % |
26 % |
28 % |
31 % |
31 % |
25 % |
n= |
3008 |
254 |
970 |
966 |
215 |
275 |
328 |
Source : Sondage électoral fédéral des Associés de
recherche Ekos, 1997 |
Intentions de vote aux élections fédérales, par région,
entre les 22 et 25 mai 1997
(indécis exclus)
|
Canada |
Atlantique |
Québec |
Ontario |
Man./Sask. |
Alberta |
Colombie-Brit. |
Parti libéral du Canada |
38 % |
41 % |
30 % |
51 % |
20 % |
25 % |
30 % |
NPD |
11 % |
21 % |
1 % |
12 % |
33 % |
6 % |
15 % |
Parti conservateur |
21 % |
30 % |
26 % |
23 % |
17 % |
18 % |
8 % |
Reform Party |
18 % |
7 % |
0 % |
13 % |
27 % |
50 % |
44 % |
Bloc québécois |
10 % |
0 % |
40 % |
0 % |
0 % |
0 % |
0 % |
Autres |
2 % |
1 % |
4 % |
2 % |
3 % |
1 % |
3 % |
n= |
2170 |
173 |
711 |
700 |
150 |
189 |
247 |
Source : Sondage électoral fédéral des Associés de
recherche Ekos, 1997 |
INTÉRÊT DANS LA CAMPAGNE
- 77 % des participants à l'enquête ont indiqué suivre la campagne au moins
modérément (20 % de près). Donc, malgré l'apathie généralement décrite par les
médias, le public conserve un intérêt certain pour cette bataille électorale.
- Les jeunes semblent par contre presque complètement déconnectés de cette
élection : seulement 6 % des 18 à 24 ans disent s'intéresser de près à
cette campagne alors que cette mesure d'intérêt croît régulièrement pour atteindre
33 % chez les 55 ans et plus.
- À 30 %, les Réformistes sont les plus intéressés alors que les bloquistes ne
sont que 14 % à dire suivre la campagne de près.
- Si elle est moyennement intéressante, pour plusieurs, la campagne n'est pas
satisfaisante : 46 % rejettent l'idée que la campagne les a aidé à clarifier
les enjeux.
- Seulement 29 % des participants ont déclaré avoir lu l'un ou l'autre des
programmes électoraux. Cette proportion plonge à 18 % chez les Québécois. Encore
une fois, les plus jeunes sont beaucoup moins susceptibles d'avoir parcouru un programme
électoral que les plus vieux.
- Ceux qui ont lu un programme électoral ont, dans la vaste majorité des cas, parcouru
celui du parti qu'ils ont choisi. À moins d'accorder aux programmes électoraux des
vertus d'attraction incomparables (et inconnues jusqu'à maintenant), il appert que les
électeurs ont lu un programme de parti davantage pour se conforter dans leur choix que
pour analyser studieusement les idées en présence.
DÉBATS DES CHEFS
- Le débat des chefs a été un moment fort de la campagne électorale pour les
électeurs. Au Canada, 60 % ont suivi au moins un débat alors que 68 % des
Québécois en ont fait autant les Québécois ont évidemment bénéficié
d'un débat et demie.
- Les débats ont clairement profité aux Conservateurs et aux Bloquistes dont la cote est
plus élevée de six points et de quatre points, respectivement, chez les participants qui
ont écouté un débat que chez ceux qui s'en sont abstenus. La véracité de cette mesure
est appuyée par le fait que la proportion des participants choisissant une
"autre" formation partisane est cinq fois plus faible chez ceux qui ont regardé
un débat que chez ceux qui ne l'ont pas fait.
Intentions de vote aux élections fédérales, entre les 22 et 25 mai
1997,
selon l'attention accordé aux débats
(indécis inclus)
|
A regardé un débat |
N'a pas regardé un débat |
Parti libéral du Canada |
35 % |
39 % |
NPD |
9 % |
13 % |
Parti conservateur |
24 % |
18 % |
Reform Party |
16 % |
16 % |
Bloc québécois |
14 % |
10 % |
Autres |
1 % |
5 % |
n= |
1393 |
777 |
Source : Sondage électoral fédéral des Associés de recherche Ekos,
1997 |
LA POLITIQUE EN GÉNÉRAL
- Il existe une grande ambivalence au sein de la population en ce qui a trait à la
politique en général.
- D'une part, l'électorat se divise en deux, également, sur la question de la
signification de cette élection pour chacun ("Je ne crois pas que les résultats de
cette élection auront un impact significatif sur moi", 42 % d'accord, 43 %
en désaccord). Par contre, les Québécois sont davantage blasés puisque 48 %
n'entrevoient pas d'impact alors que 34 % en prévoient.
- D'autre part, on retrouve exactement les mêmes proportions qui sentent ou non qu'ils
ont une inflence sur le processus politique (tant chez les Québécois que chez tous les
Canadiens). Par contre, les Bloquistes sont plus susceptibles de sentir qu'ils ont peu
d'influence (51 % contre 30 %)
Dernière mise à jour le 4 mars 1999