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La formation professionnelle réussit mieux aux assistés sociaux

Robert Dutrisac
LE DEVOIR

Le mardi 28 septembre 1999

Les abandons sont légion chez les assistés sociaux qui tentent de terminer leur secondaire grâce à des mesures actives comme celles d'Emploi-Québec. Mais ce score s'améliore grandement s'ils poursuivent une formation professionnelle au secondaire. Qui plus est, ces derniers, une fois leur diplôme en poche, sont plus nombreux à trouver un emploi.

Ces données inspirent la ministre d'État au travail et à l'emploi, Diane Lemieux, et son collègue André Boisclair, ministre de la Solidarité sociale, dans le resserrement des critères d'Emploi-Québec, un organisme que le gouvernement entend recentrer, indique-t-on au ministère de la Solidarité sociale. Elles découlent de deux études : la première, datant de 1995, sur les programmes de rattrapage scolaire visant l'obtention du diplôme de 5e secondaire, et la seconde, datant d'octobre 1998 et intitulée Évaluation de l'impact du programme de Formation professionnelle au secondaire auprès des prestataires de la Sécurité du revenu du Québec.

En clair, 71 % des assistés sociaux qui ont au plus une 3e secondaire abandonnent leur formation avant d'obtenir leur diplôme de 5e secondaire, un taux d'abandon qui jette un fort doute sur l'efficacité des programmes. Cette proportion chute à 48 % s'ils ont deux ans ou moins de scolarité à effectuer avant d'obtenir leur diplôme d'enseignement secondaire.

Dans le cas de la formation professionnelle au secondaire, le taux d'abandon est de 33 % seulement, soit grosso modo deux fois moins qu'avec les assistés sociaux qui se sont engagés à terminer leur secondaire. Au moment de l'enquête, quatre personnes sur cinq ayant terminé leur formation professionnelle avaient déjà leur diplôme en main.

Qui plus est, «le diplôme de formation professionnelle au secondaire produit des effets positifs plus importants et plus rapides que le diplôme de formation générale», que ce soit sur l'intégration en emploi ou l'absence de dépendance à l'aide sociale, écrit le ministère. En outre, les emplois qu'ont réussi à décrocher les diplômés de la formation professionnelle sont meilleurs que ceux qu'occupent les diplômés de 5e secondaire, s'ils ont trouvé un emploi : salaire horaire plus élevé de 1,09 $, davantage d'emplois à temps plein, non saisonniers et de jour.

Le taux d'abandon de 33 % à la formation professionnelle apparaît encore trop élevé aux yeux du ministère. La sélection pourrait être meilleure et la motivation des participants - ce sont des mesures volontaires qui donnent droit à un supplément de 100 $ au chèque d'aide sociale - pourrait faire l'objet d'une meilleure évaluation, estime-t-on.

Les participants interrogés dans l'étude se destinaient au secrétariat (15 %), la comptabilité (11%), la coiffure (6 %), l'assistance aux soins infirmiers (4 %), l'assistance dans les centres d'accueil (4 %), l'assistance familiale et sociale à domicile (3 %), la cuisine (3 %) et les techniques d'usinage (2 %). La personne qui bénéficie le plus d'un diplôme de formation professionnelle, c'est la jeune femme qui avait quelques années d'expérience de travail et qui ne touchait pas de l'aide depuis très longtemps.

Selon le ministère, c'est le diplôme de formation professionnelle qui fait la différence. Ceux qui ont participé à cette formation mais qui n'ont pas obtenu de diplôme ne sont pas plus avancés sur le plan de l'emploi. En moyenne, ils occupent même des emplois moins longtemps que les assistés sociaux qui ne participent à aucune mesure. Par contre, les grands gagnants sont ceux qui obtiennent leur diplôme: ils ont trois plus de chances de décrocher un emploi et de sortir de l'aide sociale que les assistés sociaux qui participent à aucune mesure. Six diplômés sur dix ont quitté l'aide sociale. C'est particulièrement vrai pour les personnes qui ont suivi une formation plus longue.

En revanche, plus la formation est courte, plus l'obtention d'un diplôme est fréquente. Les programmes longs, d'un an à un an et demi, produisent des diplômés dans 64 % des cas contre 76 % pour les programmes courts, qui s'étendent de six mois à un an. C'est ce qui peut expliquer aussi que les assistés sociaux qui tentent de finir leur secondaire - une formation qui peut s'étendre jusqu'à trois ans - sont deux fois plus nombreux à abandonner, estime le ministère.

 

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